Lot
Nov 2015 – De jardins en jardins… 2ème partie.
Pour cette deuxième partie des visites automnales de jardins exotiques nous nous sommes tout d’abord promenés dans le jardin de Serge Dassin à Lavalette (31), en cheminant vers le Nord nous nous sommes arrêtés chez Dominique Bonnet du côté de Castelnau Montratier dans le Lot (46), pour finir chez Rainer Birkemeir à Brivezac en Sibérie, oops pardon en Corrèze (19)... tous trois fous de palmiers !
Le jardin de Serge est à une encablure de Toulouse sur la route de Lavaur. Situé sur le sommet d’un promontoire concédant une vue à couper le souffle sur le Lauragais et sur la chaine des Pyrénées par temps clair. Le revers de la médaille étant que le jardin est tout particulièrement exposé aux caprices éoliens du vent d’Autan. Le jour de la visite dernière régnait pourtant (et très exceptionnellement) un calme absolu et une grande douceur, propices à la flânerie. Le jardin de taille modeste est pourtant spectaculaire par l’envergure et l’abondance des palmiers qui le peuplent. Le sol riche et frais est paillé de palmes séchées permettant la visite même par temps humide sans avoir à chausser les bottes. L’ambiance y est à certain endroit subtropical avec une lumière à peine filtrée par les trachycarpus nainital, et l’on déambule entre fougères et chamaedorea dans cet écosystème idéal. D’autres zones, plus ensoleillées, sont plutôt occupées par quantités de succulentes dont certaines arborent des tailles hors du commun, comme le yucca schottii. Le jardin vaut vraiment le détour. On peut y observer des centaines de trachycarpus de toutes tailles et de toutes espèces dont certains hybrides maison rarissimes comme le splendide trachycarpus wagnerianus X nainital.
Le yucca schottii dont je parlais précédemment est un semis offert à Serge par Dominique Bonnet il y a quelques années, semis qui a été planté de même âge simultanément dans le jardin de ce dernier dans le Lot. Nous permettant ainsi d’appréhender les différences de croissance d’un jardin à l’autre. En effet ce jardin Lotois désespère son propriétaire par la lenteur de développement d’à peu près toutes les plantes. Le jardin de Dominique a en commun avec celui de Serge la vue splendide sur la vallée, mais la comparaison s’arrête là. Ici la roche mère plus ou moins calcaire affleure partout et la couche de terre y est mince et très drainante. Si l’on ajoute à cela l’ensoleillement estival intense sur ces pentes brûlantes et l’effet plus ou moins bloquant de la décomposition des feuilles de chênes alentours (les tanins gèlent souvent les croissances), on comprend mieux le combat acharné du jardinier à essayer de faire pousser la moindre plante ici. Pourtant, et malgré la présence supplétive de lapins voraces, le jardin est juste hallucinant d’exubérance. Les agaves s’expriment particulièrement ici, et la densité ainsi que la diversité des plantes exotiques donnent le tournis. On trouve ici nombre d’exotiques fragiles qui n’ont pas résisté à la dernière vague de froid à Toulouse et qui se portent à merveille sur ces pentes rocheuses. L’effet pente laissant couler, le froid et l'humidité, jouant à plein dans ce contexte.
C’est aussi le cas du jardin de Rainer en Corrèze. Situé à flancs de coteaux sur d’anciennes cultures viticoles exposées plein sud, on a bien senti pendant la visite la douceur des pales rayons du soleil atteignant le sol à presque 90 degrés. On imagine là aussi que le froid s’écoule, tout comme l’eau, omni présente, vers la vallée, et que l’hiver est l’occasion sur ces hauteurs de belles inversions thermiques (phénomène permettant aux sommets d’être au soleil lorsque le fond de la vallée reste des journées entières dans les brumes humides et glaciales). Car ne nous y trompons pas ici les hivers sont résolument Nordiques. Preuve en est la végétation environnante spontanée, faite de châtaigniers de bouleaux, et d’épicéas. Le jardin est donc partiellement protégé en hiver (Toits et bâches) avant le départ de son propriétaire vers les Canaries le temps de la mauvaise saison. C’est un jardin à voir avant les premières gelées car il y a de beaux massifs de bananiers, d’hedychiums, de cannas,… Les bambous et les trachycarpus sur ces pentes riches et humides sont particulièrement impressionnants.
Merci à tous les trois de nous avoir ouvert leur paradis exotique respectif.